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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/320

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l’abolition du mal et l’évanouissement du bien confondu avec Dieu.

Comment ose-t-on prétendre que les âmes bienheureuses sont autres que Dieu, séparées de lui, alors que le Christ nous a donné l’ordre « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

Mais les théologiens ont dû le prétendre, parce que si on disait aux gens qu’ils ont à choisir entre l’anéantissement et l’évanouissement en Dieu, ils ne trouveraient pas que la différence est suffisante pour que cela vaille la peine de choisir le bien.

Au lieu qu’en leur montrant d’un côté le fouet à perpétuité et d’un autre côté une provision inépuisable de morceaux de sucre, on a des enfants dociles de l’Église.

Les méthodes éducatives des maîtres romains avec leurs esclaves — promesses et menaces — projetées après la mort.

On le voit bien dans le Polyeucte de Corneille. « Mais dans le ciel déjà la palme est préparée. » Un chien qui saute pour avoir un morceau de sucre.


« Qui est l’esclave que le maître a mis à la tête de sa maison. »

Dieu a confié à chaque être humain la fonction de traiter les créatures à l’imitation de Dieu.

« Le maître le mettra à la tête de tout ce qu’il possède. »

La récompense est bien une identification totale à Dieu.


D’après Mat., 12, 32-33, il semble évident que [saint] Augustin a commis le blasphème contre l’Esprit.

Il semble que ce blasphème consiste à affirmer que le mal peut produire du bien pur, ou que du bien pur peut produire du mal.


« N’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? » « Loin de moi, vous dont les actes sont illégitimes. »