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Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/322

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par accorder, sans laquelle ils ne peuvent pas commencer à nous instruire ?

C’est pourquoi il faut des miracles.

C’est pourquoi une disposition providentielle lie parfois à la sagesse surnaturelle certains pouvoirs qui sont rares parmi les hommes, mais qui pourtant peuvent aussi se rencontrer chez les médiocres ou mauvais d’entre EUX.

Ainsi, guérir des maux physiques, lire la pensée, etc.

Mais de tous les miracles de cette espèce, le principal est le beau.

Toutes les fois qu’on réfléchit au beau, on est arrêté par un mur. Tout ce qui a été écrit là-dessus est misérablement et évidemment insuffisant, parce que cette étude-là doit être commencée à partir de Dieu.

Le beau consiste en une disposition providentielle par laquelle la vérité et la justice, non encore reconnues, appellent en silence notre attention.

La beauté est vraiment, comme le dit Platon, une incarnation de Dieu.

La beauté du monde n’est pas distincte de la réalité du monde.


Zeus, indigné contre les hommes à cause de leurs crimes, voulait les détruire. Prométhée est intervenu en leur faveur, et, n’étant pas écouté, leur a donné le feu. Le feu de l’amour divin, le Saint-Esprit. À partir de ce moment il n’est même plus question qu’ils soient châtiés par Zeus. Mais Prométhée, lui, est châtié.


Silence de la petite fille dans Grimm qui sauve les sept cygnes ses frères. Silence du Juste d’Isaïe « Injurié, maltraité, il n’ouvrait pas la bouche ». Silence du Christ.

Une sorte de convention divine, un pacte de Dieu avec lui-même, condamne ici-bas la vérité au silence.

Le silence du Christ frappé et bafoué, c’est le double silence ici-bas de la vérité et du malheur.

« Toute cette puissance et la gloire qui lui est attachée m’ont été abandonnées », dit le Père du Mensonge. Le diable fabrique aussi une imitation du beau, de