Aller au contenu

Page:Weil - La Connaissance surnaturelle, 1950.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une proposition, avec au bout « anathema sit » est misérablement inadéquat ! Souvent l’anathème est légitime ou non suivant le lieu de l’âme où est logée l’idée énoncée dans la proposition.

Ces choses sont trop ténues pour qu’un instrument aussi grossier que « anathema sit » puisse y opérer autre chose qu’une destruction aveugle.

À la bonne époque, les procédés d’élimination dans les cultes et sectes initiatiques étaient sans doute de meilleurs critériums de l’architecture intérieure de l’âme.


Dieu est impuissant, sinon pour la répartition équitable et miséricordieuse du bien. Il ne peut rien d’autre. Mais cela suffit.

Il a le monopole du bien. Il est présent Lui-même dans tout ce qui opère du bien pur. Tout ce qui opère du bien d’ordre inférieur procède des choses où Il est présent. Tout bien authentique de quelque ordre que ce soit découle surnaturellement de Lui. Tout ce qui n’est pas directement ou indirectement l’effet de l’opération surnaturelle de Dieu est mauvais ou indifférent.

Le non-bien peut avec autant de légitimité selon le point de vue d’où on le considère, être regardé ou comme mauvais ou comme indifférent.

Dieu peut faire seulement le bien et seulement à qui le mérite, et ne peut en priver qui le mérite.

Ce monde, excepté par la présence secrète et surnaturelle de Dieu (dont une forme est l’ordre et la beauté du monde — il faudrait énumérer les autres) peut faire seulement du mal ou de l’indifférent.

Il peut faire tout le mal possible à tout ce qui n’est pas surnaturellement protégé par le bien issu de Dieu.

La mesure du mal qu’il peut faire là où Dieu est présent est indiquée avec une véracité parfaite dans les quatre Évangiles.

Être chrétien, ce n’est pas autre chose que croire cela.

La croyance est suscitée par la beauté des textes et la lumière qu’on acquiert sur la condition humaine en méditant sur eux.

La Genèse sépare création et péché originel à cause