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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/116

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L’amour de Dieu est pur quand la joie et la souffrance inspirent une égale gratitude.

L’amour, chez celui qui est heureux, est de vouloir partager la souffrance de l’aimé malheureux.

L’amour, chez celui qui est malheureux est d’être comblé par la simple connaissance que l’aimé est dans la joie, sans avoir part à cette joie, ni même désirer y avoir part.

Aux yeux de Platon, l’amour charnel est une image dégradée du véritable amour. L’amour humain chaste (fidélité conjugale) en est une image moins dégradée. L’idée de sublimation ne pouvait surgir que dans la stupidité contemporaine,

Amour du Phèdre. Il n’exerce ni ne subit la force. C’est là l’unique pureté. Le contact avec le glaive comporte la même souillure, qu’il se fasse du côté de la poignée ou du côté de la pointe. À celui qui aime, le froid du métal n’ôtera pas l’amour, mais donnera le sentiment d’être abandonné de Dieu. L’amour surnaturel n’a aucun contact avec la force mais aussi il ne protège pas l’âme contre le froid de la force, le froid du fer. Seul un attachement terrestre, s’il renferme assez d’énergie, peut protéger contre le froid du fer. L’armure est faite de métal comme le glaive. À celui qui n’aime que d’un amour pur, le meurtre glace