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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/144

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LA VIOLENCE

La mort est ce qui a été donné de plus précieux à l’homme. C’est pourquoi l’impiété suprême est d’en mal user. Mal mourir. Mal tuer. (Mais comment échapper à la fois au suicide et au meurtre ?) Après la mort, l’amour. Problème analogue : ni mauvaise jouissance, ni mauvaise privation. La guerre et Éros sont les deux sources d’illusion et de mensonge parmi les hommes. Leur mélange est la plus grande impureté.

S’efforcer de substituer de plus en plus dans le monde la non-violence efficace à la violence.

La non-violence n’est bonne que si elle est efficace. Ainsi, question du jeune homme à Ghandi concernant sa sœur. La réponse devrait être : use de la force, à moins que tu ne sois tel que tu puisses la défendre, avec autant de probabilité de succès, sans violence. À moins que tu ne possèdes un rayonnement dont l’énergie (c’est-à-dire l’efficacité possible, au sens le plus matériel) soit égale à celle contenue dans tes muscles.

S’efforcer de devenir tel qu’on puisse être non-violent.

Cela dépend aussi de l’adversaire.