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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/251

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Il faut penser par la mort. Il faut être tué, subir la pesanteur du monde. L’univers pesant sur les reins d’un être humain, quoi d’étonnant qu’il ait mal ?

Le travail est comme une mort s’il est sans stimulant. Agir en renonçant aux fruits de l’action.

Travailler — si l’on est épuisé, c’est devenir soumis au temps comme la matière. La pensée est contrainte de passer d’un instant à l’instant suivant sans s’accrocher au passé ni à l’avenir. C’est là obéir.

Des joies parallèles à la fatigue. Des joies sensibles. Manger, se reposer, les plaisirs du dimanche… Mais non pas l’argent.

Nulle poésie concernant le peuple n’est authentique si la fatigue n’y est pas, et la faim et la soif issues de la fatigue.


FIN