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Page:Weil - La Pesanteur et la Grâce, 1948.djvu/78

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tribuer à la grâce ce qui est simplement un effet de nature essentiellement mécanique.

L’angoisse de l’extrême malheur est la destruction extérieure du je. Arnolphe, Phèdre, Lycaon. On a raison de se jeter à genoux, de supplier bassement, quand la mort violente qui va s’abattre doit tuer du dehors le je avant même que la vie soit détruite.

« Niobé aussi aux beaux cheveux a pensé à manger. » Cela est sublime à la manière de l’espace dans les fresques de Giotto.

Une humiliation qui force à renoncer même au désespoir.

Le péché en moi dit « je ».

Je suis tout. Mais ce « je » -là est Dieu. Et ce n’est pas un je.

Le mal fait la distinction, empêche que Dieu soit équivalent à tout.

C’est ma misère qui fait que je suis je. C’est la misère de l’univers qui fait que, en un sens, Dieu est je (c’est-à-dire une personne).

Les Pharisiens étaient des gens qui comptaient sur leur propre force pour être vertueux.

L’humilité consiste à savoir qu’en ce qu’on nomme « je » il n’y a aucune source d’énergie qui permette de s’élever.

Tout ce qui est précieux en moi, sans exception, vient d’ailleurs que de moi, non pas comme