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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/114

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elle ne peut être contemplée que par le maître de l’âme, par l’esprit (νοῦς). C’est elle qui est l’objet de ce qui constitue la connaissance vraie, laquelle habite aussi en ce lieu[1]. »


N. B. Ici encore, Zeus, Être, Connaissance. Zeus mange l’être, et cet acte de manger constitue la connaissance. Zeus mange l’être, c’est-à-dire Dieu se nourrit de Dieu. La nourriture veut dire à la fois amour et joie.


« De même que la pensée de Dieu se nourrit d’esprit, de connaissance (νοῦς καὶ ἐπιστήμη) sans aucun mélange, de même aussi la pensée de toute âme qui est sur le point de recevoir ce qui lui convient ; lorsqu’elle aperçoit, à travers le temps, la réalité, elle aime (ἀγαπᾷ) et elle contemple et elle se nourrit de vérité et elle est heureuse, jusqu’à ce que le mouvement de rotation l’ait ramenée au même point. [24 heures.] Au cours de ce voyage circulaire elle voit la justice elle-même, la raison, la science ; non pas ce que nous nommons science, non pas la science telle qu’elle se produit et change avec les circonstances, (ἀλλ’ ἐν τῷ ὅ ἐστιν ὂν ὄντως) mais la science telle qu’elle est réellement dans l’essence de sa réalité. Et de même elle contemple et mange les autres réalités réelles ; puis, se glissant de nouveau à l’intérieur du ciel, elle rentre chez elle[2]. »


(Dieu mange Dieu. L’âme mange Dieu.)


N. B. On voit clairement ici ce que sont les idées de Platon. C’est purement et simplement les attributs de Dieu.


« Telle est la vie des dieux. Parmi les autres âmes, la meilleure suit Dieu, lui ressemble, et élève dans le monde qui est hors du ciel la tête du cocher ; et elle est portée circulairement avec la sphère. Mais elle est

  1. Phèdre, 246 d-247 d.
  2. Phèdre, 247 d-e.