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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/134

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Composition de l’âme du monde.


[L’âme n’est pas le νοῦς. C’est le Dieu engendré dans son rapport avec la création, à l’intersection de l’autre monde et de celui-ci, comme médiateur.]


« De la substance indivisible, éternellement identique à elle-même, et de celle qui est relative au corps, laquelle est devenir et divisibilité, à partir de ces deux substances il composa une troisième idée de substance comme intermédiaire, à savoir la substance relative à l’essence du même et de l’autre. Et en tant qu’intermédiaire il l’a liée par le même rapport à l’indivisible d’une part, au corporel et divisible de l’autre. Et prenant ces trois réalités, il les a combinées toutes trois en une essence (ἰδέαν) unique, en faisant par violence l’harmonie entre l’espèce (φύσιν) de l’Autre, qui est rebelle au mélange, et celle du Même[1].)


Le fond, l’essence de l’âme du monde est quelque chose qui constitue une moyenne proportionnelle entre Dieu et l’univers matériel. La moyenne proportionnelle, c’est l’idée même de médiation.

Cette fonction médiatrice rapproche étrangement l’Âme du Monde de Prométhée, de Dionysos, de l’Amour, et de l’homme parfaitement juste dans la République.

Texte orphique sur l’amour (Oiseaux d’Aristophane[2]).

(L’Amour dans des textes orphiques joue le rôle de l’Âme du Monde.)


Il у avait d’abord le Chaos et la Nuit et les noires ténèbres et le vaste Tartare.
La Terre n’était pas, ni l’Air, ni le Ciel. Dans le sein illimité des ténèbres
d’abord la Nuit aux ailes noires engendra un œuf sans germe (Œuf du monde, cf. Phèdre).
De là, quand les saisons furent révolues, germa l’Amour désiré,

  1. Timée, 35 a.
  2. V. 693-702.