Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

EXTRAITS DU PHÈDRE

247 c.

Τὸν δ᾽ὑπερουράνιον τόπον οὕτε τις ύμνησε πω τῶν τῇδε ποιητὴς οὔτε ποθ᾽ ὑμνήσει κατ᾽ἀξίαν… ἡ γὰρ ἀχρώματός τε καὶ ἀσχημάτιστος καἰ ἀναφὴς οὐσία ὄντως οὖσα…

Le monde qui est au-dessus du ciel, aucun poète jusqu’ici ne l’a chanté, aucun ne le chantera jamais dignement … Car ce qui est sans couleur, sans forme, ce qu’on ne peut toucher, la réalité réellement réelle, elle ne peut être contemplée que par le guide de l’âme, par l’esprit. Elle est l’objet de l’essence de la connaissance vraie qui habite aussi ce monde-là (i.e. le monde qui est au-dessus du ciel).


247 d.

ἅτ᾽ οὖν θεοῦ διάνοια νῷ τε καὶ ἐπιστήμῃ ἀκηράτῳ τρεφομένη…

Ainsi, comme la pensée de Dieu se nourrit d’esprit et de connaissance sans mélange, de même aussi celle de toute âme ; au moment de recevoir ce qui lui convient, voyant à travers le temps la réalité, elle l’aime, et par la contemplation elle se nourrit de vérité, et elle est heureuse


247 d.

ἐν δὲ τῇ περιόδῳ καθορᾷ μὲν αὐτὴν δικαιοσύνην…

Dans le mouvement circulaire elle voit face à face la justice elle-même, elle voit la raison, elle voit la connaissance ; non pas celle qui est susceptible de production, qui est différente selon qu’elle se trouve chez l’un et chez autre, qui a pour objet ce que nous nommons maintenant les réalités ; mais la connaissance dans la réalité de son essence réelle. Et les autres réalités réelles aussi, l’âme les contemple et les mange … puis elle rentre chez elle.