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Page:Weil - La Source grecque, 1953.djvu/92

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Enfin remarquer que le blâme du gros animal a eu le pouvoir d’amener tous les disciples du Christ sans exception à abandonner leur maître. Comme nous valons beaucoup moins qu’eux, il est certain que le gros animal a au moins autant de pouvoir sur nous sans que nous nous en rendions compte, ce qui est bien pire ; à tous les instants ; en ce moment même. Et la part qu’il a en nous, Dieu ne l’a pas…


Étant reconnu que la grâce émanée de Dieu est nécessaire, en quoi consiste-t-elle, par quels procédés est-ce qu’elle s’accomplit, de quelle manière est-ce que l’homme la reçoit ? Textes : République, Phèdre, Banquet. Platon se sert d’images. L’idée fondamentale de ces images est que la disposition de l’âme qui reçoit et accueille la grâce n’est pas autre chose que l’amour. L’amour de Dieu est la racine et le fondement de la philosophie de Platon.

Idée fondamentale : l’amour orienté vers son objet propre, c’est-à-dire la perfection, met en contact (contact) avec la seule réalité absolument réelle. Protagoras disait : L’homme est la mesure de toutes choses. Platon répond : Rien d’imparfait n’est mesure d’aucune chose[1] et Dieu est la mesure de toutes choses[2].

Le bien est au-dessus de la justice et des autres vertus ; nous les recherchons pour autant qu’elles sont bonnes.


Banquet[3] : « Il n’est pas vrai de dire qu’un homme chérit ce qui est à lui (pas d’égoïsme). Il n’y a pas d’autre objet de désir pour l’homme, sinon le bien. »


« Ceci est manifeste que, quant à la justice et à la beauté, beaucoup de gens préfèrent l’apparence ; et même si la réalité n’y est pas, néanmoins ils s’occupent de ces apparences, ils les possèdent, ils en jugent. Mais

  1. République, VI, 504 c.
  2. Lois, IV, 716 c.
  3. 205 e-206 a.