Aller au contenu

Page:Weil - Oppression et Liberté, 1955.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment, se révèlent sans fondement, et qui, comparés aux faits, sont manifestement faux.

Il suppose d’abord que, les conditions techniques de la production étant données, la société a la structure capable de les utiliser au maximum. Pourquoi ? En vertu de quelle nécessité les choses se passeraient-elles de manière que la capacité de production soit utilisée au maximum ? En fait personne n’a aucune idée de ce que peut être un tel maximum. Il est seulement visible qu’il y a toujours eu beaucoup de gaspillage dans toutes les sociétés. Mais cette idée de Marx s’appuie sur des notions tellement vagues qu’on ne peut même pas montrer qu’elle soit fausse, faute de pouvoir la saisir.

En second lieu, la société s’efforcerait continuellement d’améliorer la production. C’est le postulat des économistes libéraux, transféré de l’individu à la société. On peut l’admettre avec réserves ; mais en fait il y a eu beaucoup de sociétés où pendant des siècles les gens ne songeaient qu’à vivre comme vivaient leurs pères.

En troisième lieu, cet effort réagirait sur les conditions mêmes de la production, et cela toujours de manière à les améliorer. Si on raisonne sur cette affirmation, on voit qu’elle est arbitraire ; si on la compare aux faits, on voit qu’elle est fausse. Il n’y a aucune raison pour qu’en essayant de faire rendre davantage aux conditions de la production on les développe toujours. On peut aussi bien les épuiser. Cela se produit très souvent. C’est le cas par exemple pour une mine et pour un champ. Le même phénomène se produit, de période en période, à une grande échelle, et provoque de grandes crises. C’est l’histoire de la poule aux œufs d’or. Ésope en savait beaucoup plus long là-dessus que Marx.

En quatrième lieu, quand cette amélioration a dépassé un certain degré, la structure sociale, qui