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Page:Weil - Oppression et Liberté, 1955.djvu/276

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Pour rendre moins illusoires les aspirations à la liberté, il faut d’abord distinguer entre la contrainte sociale, borne inévitable posée par l’existence même de la société aux caprices et fantaisies de l’individu, et l’oppression, qui est un abus de domination faisant peser jusqu’à l’écrasement physique et moral la pression de ceux qui commandent sur ceux qui exécutent ; il faut d’autre part concevoir l’évanouissement de l’oppression comme une simple limite analogue à celles qui permettent l’application de la mathématique à la physique. Mais encore est-il douteux, tant qu’on ne l’a pas établi, que la suppression de l’oppression soit même concevable à titre de limite. Étant bien entendu qu’on ne peut espérer faire diminuer jusqu’à l’évanouissement le double poids sur l’homme de la nature et de la société, le problème qui se pose bien clairement est celui de savoir si l’on peut concevoir à titre de limite une organisation de la société, et particulièrement de la production, qui ne comporte pas l’écrasement physique et moral de ceux qui obéissent.