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Page:Weil - Sur la science, 1966.djvu/269

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RÊVERIE À PROPOS
DE LA SCIENCE GRECQUE[1]


Les hommes ont forgé bien des savoirs différents pour atteindre l’univers qui nous entoure. La science européenne du xxe siècle n’est pas celle d’avant 1900 ; la science grecque est encore autre chose ; la magie, les techniques, l’alchimie, l’astrologie, tout cela, ce sont des savoirs dont on peut chercher à déterminer la valeur, auxquels on peut trouver une valeur plus ou moins grande, à condition d’appliquer un critérium, mais dont aucun n’est sans valeur, car chacun correspond à un certain rapport entre l’homme et ses propres conditions d’existence. Chacun, d’ailleurs, est mystérieux, impénétrable du dehors, la science dite profane aussi bien que les connaissances dites occultes. Que peut-on dire de sérieux, du dehors, concernant un de ces savoirs ? Il est bon cependant d’essayer de les deviner.

Chacun d’eux a pour objet, pour modèle et pour principe, le rapport entre une aspiration de la pensée humaine et les conditions effectives de sa réalisation, rapport d’après lequel on reconstruit tout l’univers en essayant de le lire à travers les appa-

  1. Voir La Science et nous, pp. 134 et suivantes.