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Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/72

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peuvent se trouver inutilisés en même temps dans deux ou trois théâtres, une troupe mixte, un régiment de marche qui serait chargé des expéditions lointaines, qui s’en irait fourrager de ci et de là, par monts et par vaux ? » Cette préoccupation était des plus sérieuses et des plus raisonnables. Elle était en conformité avec les saines méthodes de l’industrie. Elle répondait à des exigences créées par l’état nouveau des théâtres, par la nouvelle composition et les mœurs nouvelles du public.

En bonne économie agricole et industrielle, on doit tirer parti des moindres déchets. Or, il y a actuellement beaucoup de déchets dans l’industrie théâtrale à Paris. Plus d’un théâtre s’y voit dans la nécessité d’entretenir, sans les employer, des artistes dont les appointements constituent pour lui une lourde charge. La loi fatale qui régit maintenant l’exploitation de presque tous les théâtres parisiens et qui détermine leur mode d’existence, c’est qu’une pièce ne se joue pas plus de quatre ou cinq fois, ou bien se joue de cent cinquante à trois cents fois tout d’une suite. Quelque importante que soit cette pièce, elle n’occupe jamais que la moitié ou les deux tiers d’une troupe. Pour peu qu’on la joue seulement cent cinquante fois, voilà une demi-douzaine d’artistes, et non des moins habiles, qui n’ont plus qu’à se croiser les bras pendant un se-