Page:Wells - La guerre qui tuera la guerre.djvu/19

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ont été vaincus en 1870 ; indiscutablement, ils ont échoué dans leurs longs efforts pour conserver sur mer un pouvoir égal à celui de l’Angleterre, mais ni l’un ni l’autre de ces arguments ne porte atteinte à l’avenir de la France. Les désastres de 1870 furent probablement un inappréciable bienfait pour l’imagination française trop ardente et trop confiante. Ils débarrassèrent l’esprit français de cette illusion, qu’un Impérialisme personnifié est le seul moyen d’accomplir de grands desseins, — une illusion que chérissent nombre d’Allemands, et, semble-t-il, quelques Anglais fantasques, et même des Américains plus fantasques encore. Les Français ont fait beaucoup pour démontrer la possibilité d’une république militaire stable. Ils se sont affranchis du fardeau d’une couronne et d’une cour et, pendant plus de trente ans, ils ont maintenu le bon ordre ; ils ont dissocié leur vie nationale de toute forme de foi religieuse ; ils sont arrivés à une liberté de penser et d’écrire qui, malgré tout ce qu’on peut dire pour prouver le contraire, est abso-