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Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/219

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si jeune ! Cette aventure ne deviendra que trop tôt un épisode, un simple « document », pour vous. Et d’ailleurs tout ceci n’a pas été aussi prémédité, aussi arrangé de sang-froid que ces lignes incohérentes ne le feraient croire. Je n’ai pas combiné les choses comme une femme dans un livre. La vie est tellement plus complexe que toutes ses représentations. Vous m’avez plu dès le commencement. J’ai été attirée vers vous (vous avez dû le voir), je voulais que vous m’aimiez, et ce n’était pas une simple expérience psychologique. Et pourtant, jusqu’à un certain point c’était cela aussi, je vous dois d’être honnête. Il me fallait une réponse à cette question : pourquoi Rendle ne m’a-t-il pas aimée ? Ce fantôme devait être enseveli.

« Au début, je craignais, ah ! combien je l’ai craint ! que vous m’aimiez uniquement parce que j’étais Silvia, que vous ne m’aimiez que parce que vous pensiez que Rendle m’avait aimée. Je commençai à croire qu’il m’était impossible d’échapper à ma destinée.

« Ah ! que je fus heureuse en découvrant que vous deveniez jaloux de mon passé, que vous étiez près de détester Rendle ! Mon cœur battit comme celui d’une jeune fille quand vous m’avez dit que vous vouliez me suivre à Venise.

« Après notre séparation à la Villa d’Este,