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Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/128

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Il l’entendit répondre : « Bien ! » et son pas alerte résonna dans l’escalier.

La porte une fois refermée, Ethan se retourna vers sa femme. Zeena n’avait pas bougé ; son visage demeurait inexorable, et il eut la sensation désespérée de ne pouvoir rien contre elle.

— Vous ne ferez pas cela, Zeena !

— Quoi donc ? proféra-t-elle entre ses lèvres serrées.

— Renvoyer Mattie… ainsi…

— Mais je ne me suis pas engagée à la garder toute la vie !

Frome continua avec une violence croissante :

— Vous ne pouvez cependant pas la chasser comme une voleuse… une pauvre fille qui a toujours fait de son mieux. Elle n’a ni amis ni argent, et qui voulez-vous qui l’accueille ? Si vous oubliez qu’elle est de votre sang, les autres, eux, s’en souviendront. Avez-vous songé à ce que diront les gens ?

Zeena attendit un moment, comme pour lui donner le temps de bien mettre en valeur le contraste entre sa propre impassibilité et son agitation à lui. Puis, d’une voix doucereuse, elle reprit :

— Je ne sais trop bien ce que les gens pensent des raisons pour lesquelles nous l’avons gardée si longtemps.

La main d’Ethan lâcha le bouton de la porte,