Aller au contenu

Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Zeena n’est pas souffrante ? demanda-t-elle.

— Non.

Elle lui jeta un coup d’œil rayonnant.

— Eh bien, alors, asseyez-vous !… Vous devez mourir de faim…

Elle souleva le couvercle, découvrit le pâté, et le poussa devant lui. Ses yeux rieurs semblaient dire : « Nous allons donc avoir une soirée de plus à passer ensemble ? »

Ethan se servit machinalement et commença à manger. Mais l’angoisse le prit à la gorge, et il laissa retomber sa fourchette.

Le tendre regard de Mattie était toujours posé sur lui.

— Qu’y a-t-il donc ? Ce n’est pas bon ? demanda-t-elle.

— Oh ! si, excellent… Seulement, je…

Il repoussa son assiette et se levant brusquement s’approcha de la jeune fille. Les yeux pleins d’effroi, elle se dressa.

— Ethan, il y a quelque chose ! Je m’en doutais bien…

Dans sa terreur elle semblait s’effondrer contre lui. Il la retint, la serra dans ses bras et sentit sur sa joue le frôlement des cils qui palpitaient comme des papillons pris dans un filet.

— Qu’y a-t-il ? qu’y a-t-il ? balbutiait-elle.