Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/164

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actes. Tandis qu’il passait la bride par-dessus la tête du cheval et qu’il enroulait les traits autour des brancards, il se souvint de l’après-midi où il avait fait les mêmes préparatifs pour aller au-devant de Mattie, aux Flats, il y avait un peu plus d’un an. Comme aujourd’hui le temps avait été doux, avec un souffle de printemps dans l’air. L’alezan, tournant vers lui le même grand œil cerclé de noir, se frottait le museau de la même façon contre la paume d’Ethan… Un à un les jours qui s’étaient écoulés se dressèrent tous devant lui.

Il jeta la peau d’ours dans le cutter, puis il y grimpa et gagna la maison. Il trouva la cuisine vide ; seuls, le sac de Mattie et son plaid étaient placés auprès de la porte. Il alla jusqu’au pied de l’escalier et prêta l’oreille. Aucun bruit ne venait du premier étage, mais peu de temps après il lui sembla entendre quelqu’un remuer dans son « cabinet de travail ». Il poussa la porte : Mattie, en chapeau et en jaquette, se tenait debout près de la table, lui tournant le dos.

À son approche elle tressaillit et se retourna vivement.

— Est-il temps de partir ? dit-elle.

— Que faites vous ici, Matt ?

Elle le regarda timidement :

— Je jetais un dernier coup d’œil… voilà tout, répondit-elle avec un sourire hésitant.