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Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/25

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donc que si Frome venait je me ferais conduire par lui jusqu’aux Flats, où j’attendrais patiemment l’arrivée du convoi.

D’ailleurs je n’avais pas le moindre doute qu’il ne vînt. Je savais qu’il était un de ces hommes que les éléments ne détourneraient jamais de leur tâche ; et en effet, à l’heure convenue je vis son traîneau glissant sur la neige, tel une apparition de théâtre qui traverse la scène derrière des voiles de gaze multipliés.

Je commençais à le connaître trop bien pour lui témoigner de l’étonnement ou de la reconnaissance ; mais j’eus un mouvement de surprise quand je le vis engager son cheval dans la direction opposée à la route de Corbury.

— La voie est obstruée. La neige a bloqué un train de marchandises au-dessus des Flats, m’expliqua-t-il ; et nous partîmes au petit trot, à travers la tourmente blanche qui nous cinglait le visage.

— Mais alors où me conduisez-vous ?

— Tout droit à Corbury Junction, et par le plus court, me répondit-il, m’indiquant du fouet la School House Hill.

— À Corbury Junction ? Par cette tempête ?… Mais il y a bien dix milles !

— Le cheval les fera, si vous lui en donnez le temps.