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Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/53

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la montée, dans la direction du portail de l’église,

— Au revoir ! bonne promenade ! cria-t-elle.

Denis se mit à rire. Il fouetta son cheval et rejoignit la jeune fille, qui avait pris de l’avance.

— Allons, voyons, grimpez vite ! Ce coin est bigrement glissant ! fit-il, se penchant pour lui saisir la main.

Le rire de la jeune fille éclata de nouveau.

— Non, décidément… je ne monte pas ! Bonne nuit I

Pendant ce dialogue ils avaient dépassé Frome, et celui-ci, ne pouvant plus entendre leurs propos, en était réduit à suivre la pantomime que jouaient leurs ombres sur la crête. Il vit Eady sauter de son cutter, les guides sur le bras, et s’avancer vers Mattie. Le jeune homme essaya de l’atteindre une dernière fois, mais elle l’évita par une retraite agile.

Le oœur de Frome, qu’avait secoué une crainte mortelle, se reprit à battre régulièrement. Quelques secondes plus tard, il entendit tinter les grelots du cutter qui s’éloignait ; puis il vit une silhouette isolée s’avancer sur la neige devant l’église.

Sous l’ombre épaisse que projetaient les sapins des Varnum il rejoignit Mattie, qui se retourna.

— Oh ! fit-elle, surprise.

— Vous croyiez donc que je vous avais oubliée ? demanda-t-il avec une joie puérile.