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Page:Whately, Doutes historiques relatifs à Napoléon Bonaparte, 1833.djvu/48

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d’Acre et à Waterloo ; pour comble, c’est l’Angleterre qui à la fin écrase ce pouvoir formidable, si long-temps le fléau ou la terreur du continent, et c’est aux Anglais qu’il vient se livrer ! Très national vraiment ! tout cela peut être très vrai, mais nous le demandons, si une histoire eût été faite à plaisir tout exprès pour amuser le public anglais, aurait-on pu en inventer de plus ingénieuse ? Elle figurerait admirablement pour un poëme épique, et ne ressemble pas peu à l’Iliade et à l’Énéide, où l’on offre si studieusement à notre admiration Achille et les Grecs, Énée et les Troyens (ancêtres des Romains, comme on sait). Les exploits de Bonaparte semblent n’avoir été amplifiés que pour rehausser la gloire de ceux qui l’ont vaincu, comme on laisse Hector triompher pendant l’absence d’Achille, uniquement pour donner plus d’éclat à sa chute par le bras de cet invincible héros. Supposant donc une histoire dépouillée de toutes ces grossières invraisemblances, cette dernière circonstance ne suffirait-elle pas seule pour la rendre au moins suspecte aux yeux d’un critique exercé, et pour lui faire suspendre son jugement en attendant