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Page:Widor - Initiation musicale.djvu/53

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L’ORGUE

gigantesques : orgues hydrauliques, lyres grandes comme des carrosses, instruments de théâtre de dimensions ridicules » (Ammien Marcellin).

Au son de l’hydraulis, les jeux du cirque, les combats de gladiateurs, les orgies du palais des Césars, les persécutions, les supplices, les massacres du Colisée.

Avec l’empire, l’orgue émigre à Byzance. Vers la fin du Ve siècle, on s’en souvenait à peine à Rome ; toutefois un texte de saint Augustin y prouve encore son existence au IVe siècle.

Dans une lettre de saint Jérôme, il est fait mention d’un orgue, à Jérusalem, dont les sons imitant le roulement du tonnerre s’entendaient jusqu’à mille pas de la ville, « à la montagne des Olives » et plus loin encore. Une outre faite de peaux d’éléphant recevait le vent produit par douze soufflets de forge.

Précieux est le document ; il prouve qu’au temps de saint Jérôme (337-405) on avait déjà remplacé le système hydraulique par une soufflerie pneumatique.

En 757, l’empereur Constantin Copronyme, voulant faire a Pépin un cadeau de grand prix, lui envoyait un orgue, chose inconnue chez nous. On le plaça dans l’église de Compiègne sans que personne s’avisât de ses origines païennes et des souvenirs qu’il évoquait, le Colisée, les martyrs, les chrétiens livrés aux bêtes au son de l’hydraulis… Il semblait fait pour le sanctuaire. Seul, en effet, de tous les instruments du monde, il peut à perpétuité déployer le même volume de son et « faire naitre ainsi l’idée religieuse de celle de l’infini ». Son caractère, c’est la durée, l’éternité, par opposition au primesaut, à la nervosité de l’orchestre.

En 826, Louis le Débonnaire commande à un

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