Aller au contenu

Page:Widor - Initiation musicale.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
INITIATION MUSICALE

(d’où résulte la légèreté du clavier), l’absolue précision du mécanisme, la disposition générale de l’instrument et son architecture.

À l’acousticien, on doit la loi du rapport entre le diamètre et la longueur d’un tuyau, l’appareil enregistreur des 32 premières vibrations d’une fondamentale, la création de timbres nouveaux (« sons harmoniques »), l’équilibre de la polyphonie, celui des trois groupes (fonds, mixtures, anches), la construction du poïkilorgue. d’où est sorti l’harmonium, la théorie des surfaces rectangulaires pour les salles de musique…

Ayant construit des instruments un peu partout en Europe, il avait dû proportionner leur intensité à la sonorité du local. C’est ainsi que l’expérience lui avait démontré la justesse de la théorie des anciens : les surfaces courbes déforment le son comme elles déforment la vision.

Enfin, il nous a laissé ces chefs-d’œuvre de sonorité et de solidité, car sa conscience de constructeur correspondait à son génie d’inventeur, les instruments de Saint-Sulpice, de Notre-Dame, de Saint-Ouen (de Rouen), les orgues des conservatoires de Bruxelles et de Moscou… et combien d’autres !

Il avait travaillé la physique avec Cagniard de la Tour, l’illustre inventeur de la Sirène ; il était lié avec toutes les célébrités scientifiques et artistiques de France et de l’étranger. Il savait écouter. Si les conseils des maitres-organistes ont eu sur ses travaux une heureuse influence, ses travaux à leur tour ont exercé une action décisive sur la production musicale. Souvent il nous réunissait avec Saint-Saëns et Franck.

Sans lui, l’œuvre d’orgue française n’existerait pas.