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Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/125

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LE FANTÔME DE CANTERVILLE

Vers le soir, un violent orage de pluie éclata.

Le vent était si fort qu’il secouait et faisait battre portes et fenêtres dans la vieille maison.

Bref, c’était bien le temps qu’il lui fallait.

Voici ce qu’il comptait faire.

Il se rendrait sans bruit dans la chambre de Washington Otis, lui jargonnerait des phrases, en se tenant au pied du lit, et lui planterait trois fois son poignard dans la gorge, au son d’une musique étouffée.

Il en voulait tout particulièrement à Washington, car il savait parfaitement que c’était Washington qui avait l’habitude constante d’enlever la fameuse tache de sang de Canterville, par l’emploi du Nettoyeur incomparable de Pinkerton.

Après avoir réduit à un état de terreur abjecte le téméraire, l’insouciant jeune homme, il devait ensuite pénétrer dans la chambre, occupée par le ministre des États-unis et sa femme.

Alors il poserait une main visqueuse sur le front de Mrs Otis, pendant que d’une voix