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Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/51

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que c’était à moi de la présenter au monde et de dévoiler le secret du cœur de Shakespeare.

— C’est là une bien tragique histoire, m’écriai-je, mais pourquoi n’avez-vous pas accompli ses vœux ?

Erskine haussa les épaules.

— Parce que c’est du commencement à la fin une théorie absolument erronée, répondit-il.

— Mon cher Erskine, lui dis-je en me levant de mon siège, vous êtes là-dessus dans une erreur complète. C’est la seule clé parfaite des Sonnets de Shakespeare qu’on ait jamais construite. Elle est parfaite dans tous ses détails. Je crois à Willie Hughes.

— Ne dites pas cela, répliqua gravement Erskine. Je reconnais qu’il y a dans l’idée quelque chose qui séduit inévitablement et intellectuellement il n’y a rien à y redire. J’ai examiné la question dans tous ses détails et je vous assure que la théorie est entièrement fallacieuse. Elle est plausible jusqu’à un certain point. Au delà tout dégringole. Pour