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Page:Willy - La Maîtresse du prince Jean.djvu/175

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dans le boulevard Saint-Germain, et reprit son monologue autobiographique sur cette question qu’il eut l’air, en passant, d’adresser à une colonne Rambuteau :

— Mon pauvre père s’est-il douté de l’inanité de sa mornifle ? À l’office, à la cave, ailleurs, a-t-il continué de surveiller mes coupables mains ? Je le crois ; car, après avoir congédié l’une après l’autre une douzaine de servantes, il me sacrifia, moi. Un soir que je m’esquivais de la cuisine, les doigts encore tout émus, je le heurtai dans le corridor : « Demain, bouclé » m’annonça-t-il, laconique et froid. C’était un homme de parole : il m’interna au lycée Janson. Là, plusieurs grands garçons manifestèrent des velléités de me traiter comme une Savonnette ; seulement je me défendis mieux que cette fille sans moralité — à coups de poing : et les grands garçons se lassèrent avant moi. D’ailleurs, peu à peu, je devins, moi aussi, un grand garçon. Même, je devins bachelier, en outre, comme ça, sans y attacher la moindre importance. Pour ce à quoi ça devait me servir !… Mais mon père en conçut de l’orgueil. De même