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Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/326

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de l’empereur Jehangir, une châsse de marbre blanc délicatement ciselée dont les panneaux sont travaillés à jour, une fine dentelle. Il faut toucher du doigt pour s’assurer que c’est bien du marbre et non du point d’Irlande. Je prends un instantané pour convaincre les incrédules, tant ceci est incroyable et surpasse l’imagination.

Sur le fond du ciel bleu se détachent les lignes pures du Taj-Mahal, que tant d’écrivains ont tenté de décrire, que tant d’artistes ont cherché à fixer sur la toile, sans être jamais satisfaits de leur œuvre. Tenterai-je, après eux, de vous donner une idée de cette vision, de ce rêve ? Ce serait témérité de ma part. Je préfère emprunter à M. Cotteau la description de cette merveille de l’art qui n’a jamais été égalée ni surpassée, et n’a pas encore de critiques ni de détracteurs.

« Le Taj, » nous dit-il, « est un tombeau érigé au dix-septième siècle par l’empereur mogol Shah-Jehan en l’honneur de son épouse favorite, la bégum Mumtaz-Mahal. Commencé en 1630, il ne fut terminé que vingt-deux ans après ; pendant tout ce temps vingt mille ouvriers y travaillèrent sans relâche. Malgré le bon marché de la main-d’œuvre et les nombreux cadeaux qui affluèrent de tous côtés, cent millions de roupies, somme énorme pour l’époque, furent dépensés en cette occasion.

« Ce célèbre mausolée est entièrement construit en marbre de Jeypour tellement blanc qu’il paraît transparent. C’est un octogone irrégulier dont chaque grand côté, percé d’une porte monumentale, fait face à l’un des quatre points cardinaux. Au centre, se dresse un dôme immense, de forme allongée, circonscrit par quatre coupoles moins élevées et flanqué d’un pareil nombre de sveltes minarets placés aux angles d’une terrasse carrée.

« Le croissant doré qui surmonte l’édifice plane à deux cent soixante pieds au-dessus du sol. Chaque façade est encadrée par des incrustations de marbre noir, reproduisant des versets du Coran. On dit que le livre sacré se trouve ainsi transcrit en entier sur les parois du monument,