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Page:Wilson - Voyage autour du monde, 1923.djvu/36

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VOYAGE AUTOUR DU MONDE

Les musées sont plus intéressants par leur architecture que par leurs collections. Les millions ne réussiront jamais à dépeupler les musées du vieux monde, qui conserveront toujours leurs plus beaux chefs-d’œuvre. Si le cousin Jonathan veut rivaliser avec l’Europe dans les beaux-arts, qu’il se mette à l’œuvre et qu’il produise. Il y arrivera, sans doute, comme les autres peuples. Attendons qu’il ait plus vécu ; il est déjà bien lancé, quoi qu’on en dise. Je vois ici des édifices qui ne dépareraient pas les Champs-Élysées, et des coins de grève aussi beaux que ceux de Cannes et de Nice. Les plages font les délices des baigneurs et la pêche y est très abondante.

17 octobre — La sortie du port, hier après-midi, nous a permis d’embrasser le panorama de la ville et de ses environs. La baie n’est pas aussi peuplée de navires que je l’aurais cru ; l’ensemble manquait de clarté ; la fumée et les rayons ardents du soleil rétrécissaient l’horizon. Nous avons pu, cependant, voir très clairement le mont Tamalpaïs et le poste d’observation qui le couronne.

Le départ fut très gai ; les boîtes de fleurs, de bonbons et les paniers de beaux fruits se succédaient, en longue file, sur la passerelle. Les petits matelots nippons transportent le bagage à mains ; les débardeurs, plus robustes, chargent les malles sur leurs épaules. Chacun, de son pont respectif, surveille l’embarquement de ses colis. On distribue aux passagers des petits rouleaux de papier de diverses couleurs que l’on déroule et laisse tomber sur le quai. Les amis s’en saisissent et les tiennent jusqu’au cri strident de la sirène qui sonne l’heure du départ. Alors, ces liens fragiles se brisent entre les deux poignées de main qui les retiennent encore ; et, reculant au ronflement de sa lourde machine qui active trois hélices, le Shinyo Maru, salue majestueusement son port d’attache et tourne sa proue vers la Porte d’Or, par laquelle nous entrons en pleine immensité. Le brouhaha continue à bord ; chacun s’installe à la hâte dans la cabine qu’il habitera trois semaines durant.

Les erreurs sont nombreuses, mais il y a tout de même assez d’ordre dans ce désordre. La trompette du lunch