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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/15

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expérience militaire. On peut croire également qu’il composa, vers cette époque, quelques-uns de ses premiers écrits, tels que le Banquet, Hiéron, et notamment les Revenus, que la critique allemande a raison d’attribuer, selon nous, à la jeunesse de notre auteur.

C’est encore vers le même temps qu’il publia, suivant Diogène de Laërte, l’ouvrage de Thucydide, la Guerre du Péloponèse, qu’il ne tenait qu’à lui de supprimer. Il faut savoir gré, j’en conviens, à Xénophon de cet acte de probité littéraire ; mais le fait est loin d’être fondé sur des preuves authentiques, et, sans les énumérer toutes, il semble bien difficile à croire qu’il n’existât qu’une seule copie du manuscrit de Thucydide. Peut-être serait-il plus vraisemblable que les héritiers de Thucydide, ou Thucydide lui-même, à son lit de mort, eût fait remettre son œuvre à Xénophon, comme un legs qu’il lui laissait le soin de corriger, d’achever et de publier. Mais alors même, quoique l’acte de Xénophon soit tout entier à son honneur, on se demande si c’est louer dignement un homme, que de le féliciter de ne s’être pas rendu coupable d’un odieux abus de confiance.

À l’école de Socrate, Xénophon s’était lié d’amitié avec un jeune Béotien, nommé Proxène, disciple du rhéteur Gorgias de Léontium et fort avant dans les bonnes grâces de Cyrus le jeune, fils du roi de Perse Darius II, surnommé Nothus. Proxène, qui était alors à la cour de Sardes, écrit à son ami, pour l’inviter à venir partager la faveur de Cyrus. La perspective d’un voyage en Orient, les promesses séduisantes d’une vie d’agitation et d’aventures, faite pour sourire à un esprit et à un corps amis du mouvement et de l’activité, peut-être aussi le dégoût que lui inspirent les rivalités jalouses et sanglantes des républiques de la Grèce, déterminent Xénophon à se rendre à l’appel de Proxène. Aussi ne demande-t-il conseil à Socrate qu’avec le projet bien arrêté d’aller en Asie. Socrate, craignant que Xénophon ne se rende suspect aux Athéniens, en se liant avec Cyrus, qui avait aidé les Lacédémoniens dans leur guerre contre Athènes, engage son ami à con-