Aller au contenu

Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE VI.


Suite du précédent.


Nous allons indiquer la méthode de pansage la plus sûre pour le palefrenier et la plus utile pour le cheval. Si on se place directement dans le sens où regarde l’animal pour le nettoyer, on s’expose à en être frappé au visage avec les genoux ou avec les pieds ; si, au contraire, on lui fait face pour le panser, en se mettant hors de la portée de sa jambe et accroupi le long de l’épaule, on n’aura rien à redouter et l’on sera à même de lui nettoyer la sole en lui levant les pieds. On s’y prendra de même pour les jambes de derrière. Une chose que l’homme d’écurie doit savoir, c’est que, soit pour le pansage, soit pour tout ce qu’il a à faire, il faut aborder le cheval le moins possible par devant ou par derrière : car, si le cheval veut nuire, de ces deux côtés il a l’avantage sur l’homme, tandis qu’en l’approchant par le flanc on sera en sûreté et certain d’en venir à bout.

Pour mener un cheval en main, je n’approuve pas la méthode de le faire marcher derrière soi, parce que, d’une part, le conducteur n’est pas à même de le surveiller, et que, de l’autre, le cheval peut faire tout ce qu’il veut. Lui apprendre à marcher devant soi, en le conduisant au moyen d’une grande longe, est un moyen que nous désapprouvons également, parce qu’il peut ou blesser de tel côté qu’il voudra, ou se retourner pour faire tête à son conducteur. Et si l’on en a plusieurs à conduire, comment les empêcher de s’attaquer les uns les autres ? Au lieu qu’un cheval accoutumé à marcher à côté de vous ne pourra nuire ni aux hommes ni aux chevaux, et en même temps il sera à belle pour le montoir, si l’on est obligé de sauter dessus en toute hâte.

Pour bien brider un cheval, le palefrenier commence par l’aborder du côté gauche ; puis, lui passant les rênes pardessus la tête, il les pose sur le garrot ; il tient ensuite la têtière avec la main droite, et de la main gauche il présente le mors. Si le cheval le reçoit, il est clair qu’il faut le coiffer ; mais s’il refuse d’ouvrir la bouche, alors on tient le mors contre les dents et l’on introduit dans la bouche le doigt du