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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/362

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contraints d’élever un cheval, en raison de leur fortune. S’ils s’enrôlent avec toi, tu t’engageras à détourner les fils de famille de la manie d’acheter des chevaux de prix, et à les rendre, avant peu, bons cavaliers. Aux promesses, tu chercheras à joindre les effets. Quant aux cavaliers déjà enrôlés, le sénat, en faisant publier pour l’avenir les doubles exercices, et en annonçant la réforme des chevaux incapables de suivre, les obligera, je l’espère, à mieux entretenir et dresser leurs chevaux.

Il me paraît bon d’avertir qu’on refusera pareillement les chevaux fougueux. Cette menace engagera davantage à les vendre et à en acheter d’autres avec plus de précaution. Il sera bon encore d’annoncer qu’on réforme aussi les chevaux qui ruent dans les évolutions, vu qu’il est impossible de les tenir en rang, et que, quand il faut charger l’ennemi, ils suivent par derrière ; ce qui fait que le mauvais cheval rend inutile le cavalier.

Pour ce qui est de fortifier les pieds du cheval, si l’on a quelque moyen facile et expéditif, je l’admets : autrement, je dis, d’après ma propre expérience, qu’il faut étendre un lit de cailloux pris sur le chemin, du poids d’une mine environ, plus ou moins, à l’endroit où l’on panse le cheval au sortir de l’écurie ; le cheval ne cessera de piétiner sur ces cailloux, soit qu’on l’étrille, soit que les mouches le piquent. Qu’on en fasse l’essai, l’on reconnaîtra la justesse de mes observations, et l’on verra s’arrondir les pieds du cheval[1].

Quand les chevaux seront comme il faut, on amènera les cavaliers à être excellents par les moyens qui suivent. Et d’abord nous conseillons aux jeunes gens d’apprendre eux-mêmes à sauter à cheval ; mais tu feras bien de leur donner un maître habile. Quant à ceux qui sont plus âgés, il est très-utile de les accoutumer à monter à cheval en s’aidant les uns les autres, à la perse[2].

Pour former des cavaliers à se tenir fermes en selle sur toute espèce de terrains, il serait peut-être gênant de les faire sortir souvent, n’étant pas en guerre : il faut donc les rassembler et leur conseiller de s’exercer, soit quand ils se rendent à leur campagne ou ailleurs, soit en sortant des chemins, et en se lançant au galop sur des terrains de différentes espèces. Cet exercice vaut presque les sorties et donne moins

  1. Cf. De l’Équitation, iv.
  2. Cf. Id., vi.