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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/397

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suite qu’il fasse une ronde, l’œil à tout : s’il voit pencher une rangée, les rets eux-mêmes, qu’il les redresse. Quand le lièvre est poussé vers les rets, il doit le laisser filer et le suivre à grands cris. La bête prise, il doit calmer la fougue de ses chiens, sans les toucher, mais avec des paroles d’encouragement. Il faut aussi qu’il indique clairement au chasseur que le lièvre est pris, qu’il a passé par ici ou par là, qu’il ne l’a pas vu, ou bien où il l’a vu.

Le chasseur part vêtu négligemment, à la légère, chaussé simplement, un bâton à la main, et suivi du garde-filet. Ils vont bouche close, de peur que le lièvre, s’il y en a dans le voisinage, ne parte en entendant du bruit. Une fois au bois, le chasseur met ses chiens en laisse, chacun séparément, afin qu’ils soient faciles à détacher. Les rets et les toiles sont tendus comme il a été dit. Ensuite le garde-filet se place en observation, et le chasseur, emmenant les chiens avec lui, procède au lancer. Il voue à Apollon et à Diane chasseresse les prémices de sa chasse, il fait lâcher alors le chien le plus instruit à la quête, commençant en hiver au lever du soleil, en été avant le jour ; dans les autres saisons, entre ces deux intervalles. Dès que le premier chien a trouvé la vraie piste, au milieu des brisées qui se croisent, on en lâche un second. Et lorsque ces deux là sont sur la piste, peu de temps après, on lâche les autres un à un. Puis le chasseur suit lui-même, sans presser les chiens, mais en les appelant par leur nom ; rarement toutefois, de peur de les exciter avant le moment. Les voilà donc partis pleins de joie et d’ardeur, démêlant les voies, comme elles se rencontrent, doubles, triples, courant sur les brisées, telles qu’elles s’offrent dans leur réseau, circulaires, doubles, courbes, serrées, connues, inconnues, se gagnant de vitesse, remuant la queue, baissant l’oreille, l’œil en feu. Arrivés près du lièvre, ils l’indiquent au chasseur en frappant tout leur corps de leur queue, s’élançant comme à la guerre, courant à l’envi, faisant assaut de vitesse, tantôt se réunissant, tantôt se séparant, pour revenir encore à la charge ; enfin ils sont au fort du lièvre, ils sautent dessus ; soudain l’animal s’élance, poursuivi dans sa fuite par les clameurs et l’aboiement des chiens. Qu’à leur suite les deux chasseurs s’écrient : « Ohé ! les chiens ! Ohé ! les chiens ! Bien ! les chiens ! Très bien ! les chiens[1] ! » et que con-

  1. On trouve fréquemment dans du Fouilloux un grand nombre de forhus ou cris analogues : Ty a Hillaut pour le cerf ! Valecy, allez pour le lièvre ! Escoute à lui ! Tirez à luy ! Voiles-cy ! allez avant ! Gare, gare, approche les chiens ! etc. Cf. le chapitre : Comme il faut sonner de la trompe et houpper de la voix, pour s’appeler l’un l’autre quand on est a la chasse, p. 47 verso.