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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/495

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abattre que ne l’était votre puissance. Vous aviez des forces maritimes et vous commandiez à des gens qui n’en avaient point ; les Lacédémoniens, peu nombreux, tyrannisent une grande quantité d’États qui sont aussi bien armés qu’eux. Voilà ce que nous vous disons. Toutefois, sachez-le bien, Athéniens, nous croyons vous engager à une alliance encore plus avantageuse pour votre ville que pour la nôtre. »

Cela dit, le député se tait. Un grand nombre d’Athéniens parlent dans le même sens, et l’on vote le secours à l’unanimité. Thrasybule, après avoir lu le décret aux députés, leur déclare que, bien que le Pirée soit sans murailles, Athènes ne reculera devant aucun danger pour rendre aux Thébains encore plus qu’elle n’en a reçu, « Car, dit-il, vous vous êtes contentés de ne point marcher contre nous avec nos ennemis, tandis que nous, nous vous aiderons à combattre les vôtres, s’ils vous attaquent. »

Les Thébains partent aussitôt et font leurs préparatifs de défense, tandis que les Athéniens se disposent à les secourir. Cependant les Lacédémoniens ne restent point en arrière. Le roi Pausanias s’avance vers la Béotie, à la tête des troupes de Sparte et du Péloponèse, à l’exception des Corinthiens, qui ne prennent point part à la guerre. Lysandre, qui commande la division composée de Phocéens d’Orchomène et des autres peuples de cette contrée, arrive avant Pausanias sous les murs d’Haliarte. Il n’attend pas tranquillement l’armée de Lacédémone, mais il s’avance contre la ville avec ce qu’il a de troupes. Il parvient d’abord à persuader aux habitants de quitter le parti de Thèbes et de se déclarer indépendants. Mais quelques Thébains, qui étaient dans la ville, s’y étant opposés, il fait le siége de la place. À cette nouvelle, les Thébains arrivent à la hâte, hoplites et cavaliers. Surprirent-ils Lysandre à l’improviste, ou ce dernier crut-il pouvoir soutenir leur choc dans l’espoir de les vaincre ? C’est ce qu’on ne sait pas. Ce qu’il y a de certain, c’est que le combat fut livré au pied des murs, qu’on dressa un trophée près des portes d’Haliarte, et que, Lysandre tué, les troupes s’enfuirent vers la montagne, poursuivies vigoureusement par les Thébains. Ces derniers, dans leur poursuite, allaient atteindre le haut de la montagne, lorsque les hoplites ennemis, les voyant engagés dans des passages étroits et difficiles, font volte-face et leur lancent des javelots et des flèches : deux ou trois des Thébains les plus avancés sont tués. Des pierres, roulées d’en haut, arrivent sur