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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/516

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nombre de soldats, il tue beaucoup de monde aux habitants de la ville sortis sans précautions. Il en résulte que les Phliontiens, qui n’avaient pas voulu auparavant recevoir les Lacédémoniens dans leurs murs, parce qu’ils craignaient qu’ils ne fissent rentrer les citoyens exilés, sous le prétexte de leur attachement à Sparte, ont une si grande frayeur des troupes de Corinthe, qu’ils appellent les Lacédémoniens et leur abandonnent la garde de la ville et de la citadelle. Cependant les Lacédémoniens, quoique bien disposés envers les exilés, ne font aucune mention de leur rappel tout le temps qu’ils occupent la ville ; et même, quand elle leur semble rassurée, ils partent, laissant le gouvernement et les lois dans le même état que lorsqu’ils y étaient entrés.

Cependant Iphicrate et sa troupe font de nombreuses invasions en Arcadie, ravagent le pays et assiègent les villes, hors desquelles les hoplites arcadiens ne se hasardent jamais de sortir, tant ils ont peur des peltastes, qui, de leur côté, redoutent tellement les Lacédémoniens, qu’ils ne s’approchent jamais des hoplites à portée du trait. En effet, il était déjà arrivé qu’à cette distance les plus jeunes Lacédémoniens, se mettant à leur poursuite, en avaient atteint et tué quelques-uns. Les Lacédémoniens, qui méprisaient les peltastes, avaient encore un plus grand mépris pour leurs propres alliés, depuis la conduite que les Mantinéens avaient tenue un jour dans une sortie contre les peltastes. Ils s’étaient élancés sur eux hors du Léchéum ; mais, reçus par une grêle de traits, ils avaient aussitôt plié et pris la fuite, en laissant quelques morts ; de telle sorte que les Lacédémoniens ne craignaient pas de railler leurs alliés, en disant qu’ils craignaient les peltastes, comme les enfants les fantômes.

Les Lacédémoniens, partis du Léchéum avec une more et les exilés corinthiens, viennent entourer Corinthe d’un cercle de troupes. Les Athéniens, de leur côté, redoutant la puissance des Lacédémoniens, et craignant qu’une fois les longs murs de Corinthe abattus, ils ne marchent contre eux-mêmes, croient que le mieux est de relever les murs renversés par Praxitas. Ils viennent donc en masse avec des maçons et des architectes, et ils rétablissent en peu de jours le mur occidental qui regarde Sicyone : quant au mur oriental, ils le rebâtissent plus à leur aise.

Les Lacédémoniens, réfléchissant que les Argiens sont tranquilles chez eux et se complaisent dans cette guerre, font