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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/553

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garde les chevaux tout harnachés, et les cavaliers en armes. Puis, lorsqu’il voit les Olynthiens s’avancer avec sécurité jusqu’au faubourg et aux portes mêmes de la ville, il sort à la tête de ses cavaliers en bon ordre. Aussitôt qu’on l’aperçoit, on prend la fuite. Mais il ne se contente pas d’avoir fait fuir les ennemis ; il ne cesse, l’espace de quatre-vingt-dix stades[1], de poursuivre et de tuer, jusqu’à ce qu’il soit arrivé au mur même d’Olynthe. On dit que dans cette affaire Derdas leur tue près de quatre-vingts cavaliers. Dès lors, les ennemis restent beaucoup plus enfermés dans leurs murs, et ne cultivent qu’une très-petite partie de leur territoire. Quelque temps après, Téleutias marchait contre la ville d’Olynthe, afin de détruire les arbres qui étaient encore debout, et les travaux des ennemis dans les campagnes, lorsque les cavaliers olynthiens s’avancent en silence vers l’armée des Lacédémoniens. À cette vue, Téleutias, indigné de leur audace, ordonne aussitôt à Tlémonidas, chef des peltastes, de fondre sur eux au pas de course. Les Olynthiens, voyant accourir les peltastes, font volte-face, se retirent tranquillement et repassent le fleuve. Les autres les suivent avec une grande audace, et, croyant poursuivre des fuyards, ils passent aussi le fleuve. Mais alors les cavaliers olynthiens, profitant du moment où les peltastes qui venaient de passer le fleuve, semblent leur donner une proie facile, se retournent, fondent sur eux et tuent Tlémonidas lui-même avec plus de cent des siens. Téleutias, voyant ce qui se passe, est transporté de colère, saisit ses armes, marche en avant avec les hoplites, et ordonne aux cavaliers et aux peltastes de poursuivre l’ennemi sans relâche. Un grand nombre d’entre eux, suivant ses ordres, s’avancent plus près qu’il ne faut des murailles, et se retirent avec perte ; d’autres, atteints par les flèches lancées du haut des tours, sont forcés de se replier en désordre pour se mettre à l’abri des traits. Alors les Olynthiens chargent avec leur cavalerie, qu’ils appuient de leurs peltastes, et enfin les hoplites eux-mêmes font une sortie et fondent sur la phalange en désarroi. Téleutias périt en combattant, et aussitôt après, les troupes cèdent, personne ne résiste plus, tous prennent la fuite ; les uns cherchent un refuge à Spartole, les autres à Acanthe, ceux-ci à Apollonie, la plupart à Potidée. Les vainqueurs poursuivent les vaincus dans tous les sens, et leur tuent une grande quantité d’hommes des plus utiles à l’armée.

  1. Près de 2 kilomètres.