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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/556

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Telles étaient les occupations d’Agésilas. Cependant Agésipolis, quittant la Macédoine, vient se placer avec ses troupes sous la ville des Olynthiens ; mais voyant que personne ne sort contre lui, il se met à dévaster ce qui reste sur leur territoire, puis il se rend dans les terres alliées et détruit leurs moissons. Il attaque et prend d’assaut la ville de Torone. Sur ces entrefaites il est pris, au fort de l’été, d’une fièvre ardente. Comme il avait vu le matin le temple de Bacchus à Aphytis[1], il soupire après l’ombre de ces bocages, après ces eaux fraîches et limpides : il y est transporté encore vivant ; mais il meurt hors du temple, une semaine après le commencement de sa maladie. Son corps, placé dans du miel, est transporté dans sa patrie, où il reçoit la sépulture royale.

Quand Agésilas reçut la nouvelle, on ne put croire qu’il fût délivré d’un rival ; il versa des larmes et regretta leur société. Les rois, en effet, demeurent ensemble, lorsqu’ils sont à Sparte. Agésipolis était d’un caractère à s’entretenir avec Agésilas des histoires de leur jeunesse, de leurs chasses, de leurs chevaux, de leurs amours ; et en outre, dans leur demeure commune, il lui témoignait du respect comme au plus âgé des deux. Les Lacédémoniens envoient à sa place contre Olynthe, Polybiade en qualité d’harmoste.

Cependant Agésilas avait déjà dépassé le temps jusqu’où devaient durer, disait-on, les approvisionnements de Phlionte : car telle est la force de la domination sur l’appétit, que les Phliasiens, ayant décrété de délivrer la moitié moins de blé qu’auparavant, purent, en exécutant cette résolution, soutenir le siége le double du temps présumé. Et telle est aussi la supériorité de l’audace sur la timidité, qu’un nommé Delphion, qui passait pour un homme distingué, s’étant mis à la tête de trois cents Phliasiens, fut en état de maîtriser l’influence de ceux qui voulaient la paix, en état de tenir en prison les hommes dont il se défiait. Il parvint aussi à forcer le peuple à faire le service des gardes et à s’assurer de leur fidélité en les surveillant de près. Il faisait souvent des sorties avec les gens qui lui étaient dévoués, et repoussait les gardes des différents points du mur d’enceinte. Cependant, lorsque, malgré toutes leurs recherches, ces hommes déterminés ne purent plus trouver de vivres dans la ville, ils firent demander une trêve à Agésilas, pour députer à Lacédémone. Ils disaient, en effet,

  1. Dans le voisinage de Pallène, ville de la Chersonèse de Thrace.