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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/622

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Junon, pour ravager la campagne, à l’exception des Sicyoniens et des Pelléniens, que le commandant laisse sur les hauteurs, près des portes qui conduisent à Corinthe, afin que les Phliasiens ne puissent pas, en les tournant de ce côté, venir s’établir sur leur tête, au-dessus du temple de Junon. Dès que les gens de la ville savent que les ennemis fondent sur la plaine, la cavalerie et les troupes d’élite des Phliasiens font une sortie, engagent le combat et empêchent les ennemis d’entrer dans la plaine. Ils passent en cet endroit la plus grande partie du jour à escarmoucher de loin. Euphron et sa troupe poursuivent l’ennemi jusqu’aux endroits accessibles à la cavalerie, et ceux de la ville jusqu’au temple de Junon. Quand les ennemis croient qu’il est temps de partir, ils font le tour de Tricaranum ; en effet, le ravin situé devant ce fort les empêchait de se rendre en ligne droite vers les Pelléniens. Les Phliasiens, après les avoir suivis pendant quelques instants vers la hauteur, se détournent et marchent par le chemin le long du mur contre le corps des Pelléniens. Le commandant thébain, remarquant alors la marche rapide des Phliasiens, lutte de vitesse afin d’arriver avant eux au secours des Pelléniens. Mais les cavaliers arrivés les premiers chargent les Pelléniens, qui soutiennent le premier choc, puis se retirant, ils reviennent à la charge avec les fantassins qui les avaient rejoints, et l’on en vient aux mains. Dès lors les ennemis plient et laissent sur le terrain quelques Sicyoniens et un grand nombre de Pelléniens, braves soldats. Cela fait, les Phliasiens élèvent un magnifique trophée, et chantent un péan, comme de juste. Les Thébains et Euphron regardent tout cela, comme s’ils étaient accourus à un spectacle. Les deux partis se retirent ensuite l’un sur Sicyone, l’autre dans la ville.

Voici encore une belle action des Phliasiens : ils prennent vivant le Pellénien Proxène, et, quoiqu’ils manquent de tout, ils le renvoient sans rançon. Comment ne point appeler généreux et braves des gens qui se conduisent ainsi ?

On connaît, du reste, leur constance à garder la foi à leurs amis. Comme ils ne retiraient rien de leurs terres, ils vivaient, soit de ce qu’ils prenaient sur l’ennemi, soit de ce qu’ils achetaient à Corinthe, au marché de laquelle ils se rendaient à travers mille dangers, ne pouvant se procurer des fonds qu’avec difficulté, éprouvant la même difficulté à trouver des gens qui leur fournissent des vivres ou des répondants pour les bêtes de somme qui les apportaient. Ils étaient