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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/634

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assiégés. Tous ceux qui se trouvaient le plus près et qui surent profiter du moment, sortirent. Mais ceux qui se laissent prévenir par les Arcadiens, accourus en grand nombre, sont renfermés dans l’intérieur de la ville, puis pris et distribués entre les vainqueurs. Une partie revient aux Argiens, une autre aux Thébains, une aux Arcadiens et une autre aux Messéniens. Le nombre des Spartiates et des périèques faits prisonniers s’éleva au-dessus de cent.

Cependant les Arcadiens, n’ayant plus à s’occuper de Cromnus, se tournent de nouveau vers les Éléens ; ils renforcent la garnison d’Olympie, et, à l’approche de l’armée olympique, ils se préparent à célébrer les jeux avec les Pisates, qui prétendent avoir eu les premiers l’intendance du temple. Quand fut venu le mois[1] où se célèbrent les jeux olympiques, et les jours où se rassemble la panégyrie, les Éléens font ouvertement leurs préparatifs, appellent à eux les Achéens et prennent la route d’Olympie. Les Arcadiens ne se seraient jamais figuré qu’ils vinssent les attaquer ; ils organisaient même la fête avec les Pisates, et ils avaient terminé la course des chevaux et les courses du pentathle. Seulement quand vint le tour et la lutte, on quitta le stade, et on lutta entre le stade et l’autel, les Éléens étant déjà en armes près du bois sacré. Les Arcadiens, sans aller plus loin à leur rencontre, se déploient au bord du Cladaus, rivière qui coule le long de l’Altis[2], et se jette dans l’Alphée. Ils avaient à leurs côtés, comme alliés, environ deux mille hoplites argiens et près de quatre cents cavaliers athéniens. Les Éléens, qui s’étaient rangés en bataille de l’autre côté de la rivière, immolent des victimes et marchent aussitôt en avant. Jusqu’à cette époque, ils étaient, comme guerriers, méprisés des Arcadiens et des Argiens, aussi bien que des Achéens et des Athéniens. Mais en ce jour ils furent regardés comme les plus braves des alliés. Les Arcadiens auxquels ils ont d’abord affaire sont bientôt mis en fuite, et les Argiens dont ils soutiennent le choc éprouvent aussi le même sort. Les Éléens poursuivent les fuyards jusqu’à l’espace situé entre la salle du conseil, le temple de Vesta et le théâtre attenant à ces édifices ; là ils combattent avec la même valeur et repoussent l’ennemi jusqu’à l’autel. Mais atteints par les traits qu’on

  1. Celui que les Athéniens appellent hécatombéon. Il correspond au mois de juin.
  2. Bois où se célébraient les jeux. Son nom vient peut être du mot ἄλσος, ucus, bois sacré.