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Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/65

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nombre des métèques ou domiciliés, est donc un des premiers moyens qui se présentent de produire de plus forts revenus. Le second moyen consiste à accorder des avantages aux marchands qui trafiquent avec Athènes. C’est, par exemple, de proposer au tribunal de commerce une prime proportionnée à l’expédition la plus prompte des affaires contentieuses et des litiges de commerce, de manière que les pilotes et les armateurs ne soient pas retenus par les embarras d’un procès, au moment de mettre à la voile. Il conviendrait également de faire bâtir pour les marins étrangers un plus grand nombre d’hôtelleries le long du port, ainsi que de vastes bazars de marchandises.

Mais ce qui doit surtout être une source inépuisable de revenus, c’est l’exploitation des mines d’argent du Laurium. Xénophon demande qu’elles soient exploitées d’après un tout autre système que celui qui est présentement en vigueur, et il répond aux objections que peut soulever ce nouveau projet. Entre autres arguments, il est pour nous d’un intérêt presque actuel d’y trouver cette phrase : « Mais, dira-t-on, l’or n’est pas moins utile que l’argent. Je n’en disconviens pas ; je sais toutefois que l’or, en devenant commun, perd beaucoup de sa valeur et fait hausser le prix de l’argent. » N’est-il pas curieux de voir un Grec se préoccuper, il y a plus de vingt siècles, de cette question de la rareté relative de l’or ou de l’argent, dont la découverte des gisements aurifères du nouveau monde a fait un sujet de controverse entre nos publicistes, et à laquelle Montesquieu a consacré un chapitre spécial dans le vingt-huitième livre de l’Esprit des lois ?

La conviction de Xénophon est que sa patrie, tout en n’ayant que des minerais d’argent, est plus richement dotée, sous le rapport métallurgique, que les pays mêmes où l’or s’exploite, et, après quelques considérations sur la sécurité que donne la paix à l’industrie et aux travaux des mines, il conclut en suppliant ses concitoyens de mettre en pratique le système qu’il leur propose, et qu’il croit de nature à procurer à Athènes les plus grands avantages et le plus grand bonheur.