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Page:Zetkin - Souvenirs sur Lénine.djvu/13

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SOUVENIRS SUR LÉNINE

tée historique » et sur qui pesaient d’un poids écrasant la confiance naïve, la plus formidable responsabilité et une tâche qui ne devait pas finir. Entièrement confondu avec la masse des camarades, de la même pâte qu’eux, il n’était qu’un homme parmi tant d’autres. Pas un geste, pas un jeu de physionomie par où il voulût faire l’effet d’une « personnalité ». Ces grimaces-là lui étaient étrangères car il était véritablement une personnalité. Sans cesse, des courriers lui apportaient des communications de différentes chancelleries, d’institutions civiles et militaires, communications auxquelles il répondait souvent par quelques lignes rapidement jetées sur le papier. Lénine avait pour chacun un sourire ou un signe de tête amical auquel répondait chaque fois le rayonnement de la joie sur une figure. Pendant les séances, il arrivait parfois que, sans en avoir l’air, on s’étendit sur quelque sujet avec des camarades en vue. Pendant les suspensions de séance, on se ruait positivement sur Lénine. Des camarades, hommes et femmes, de Moscou, de Pétrograd, des centres les plus différents du mouvement et beaucoup, beaucoup de jeunes camarades l’entouraient :

— Wladimir Illitch, je vous en prie…

— Camarade Lénine, vous ne pouvez pas refuser !

— Nous savons bien, Illitch, que vous… mais…

C’est à peu près de cette façon que volaient et se croisaient demandes, questions, propositions.