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Page:Zetkin - Souvenirs sur Lénine.djvu/37

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SOUVENIRS SUR LÉNINE

prolétariat, les masses travailleuses, en vue de l’action révolutionnaire.

Comme l’on sait, j’étais de ceux qui critiquaient le plus vivement l’ « action de mars », dans la mesure où elle n’avait pas été une lutte de prolétaires, mais une action de parti mal comprise, mal préparée, mal organisée, mal dirigée et mal exécutée. Je combattais avec la dernière énergie cette « théorie de l’offensive » qu’on avait fabriquée si péniblement. En outre, j’avais encore un compte personnel à régler. La direction du parti allemand avait pris position, au sujet du congrès du parti socialiste italien (congrès de Livourne) et au sujet de la tactique de l’Exécutif, dans des conditions telles que, sans attendre au lendemain, j’avais donné avec éclat ma démission du Comité central. J’avais conscience d’un « manquement à la discipline », et il m’était pénible, très pénible de m’être mise par là en opposition violente avec ceux qui m’étaient le plus proches, tant au point de vue politique qu’au point de vue personnel, à savoir avec mes amis russes.

À l’Exécutif et dans le Parti russe, comme dans un grand nombre d’autres sections de l’internationale Communiste, l’ « action de mars » comptait beaucoup de défenseurs fanatiques qui la célébraient comme une action révolutionnaire de masses, menée par des centaines de milliers de prolétaires résolus. La « théorie de l’offensive » était considérée comme le nouvel Évan-