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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/109

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LE BOUTE-CHARGE

dragon et lui offrant la goutte en le tenant à distance respectueuse ; ne prenant rien au tragique, heureux de vivre, voulant tout le monde content autour de lui : très ferme sur les questions de service, il passe volontiers une peccadille, mais demeure impitoyable à la manœuvre ; il s’applique avant tout à obtenir la confiance de ses hommes ; ne dédaigne pas un brin de noce à ses moments perdus, mais devient bûcheur dès que, rentré chez lui, il se plonge dans la solution de quelque difficulté de théorie ; traite le soldat de grosse bête avec sa voix de bonne humeur, mais ne l’insulte jamais de ces mots ignobles qui ont cours dans la légende des Ronchonnot. Il aime la plaisanterie, déteste les hargneux. Pour ceux qui s’arrêtent à la surface, c’est un bon enfant. Quand on l’étudie de près, on sent chez lui le grand désir de faire la vie douce à ses hommes, de leur inspirer l’amour du métier, de développer le sentiment de leur propre dignité en effaçant autant que possible la distance qui sépare l’officier de ses inférieurs. Par ces