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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/114

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LE BOUTE-CHARGE

Mais c’est l’heure de la soupe : deux cuisiniers apportent les gamelles des hommes de garde qui s’installent sur un banc, sur le bord du lit de camp, où ils peuvent. À les voir dévorer leur portion d’un si bel appétit, je sens la faim me gagner, et j’envoie chercher mon panier à la cantine Molinier, — l’hôtel Molinier, comme nous disons. En effet, le père Molinier, brave homme très correct dans ses rapports avec la troupe, gardant le fidèle souvenir du restaurant qu’il a tenu à Paris, il y a quelques années, n’est pas un cantinier ordinaire. Il a résolu ce problème : avoir une pension dans laquelle on puisse pénétrer sans se boucher le nez. Les mauvaises langues le disent trés noceur, émérite buveur. Mais peu importe : dans sa cantine, il se tient fort convenablement, et on est tenté de croire qu’il va apparaître en habit noir et ganté de coton blanc, la serviette sur le bras.

Tout autre est le vieux Colas, le cantinier d’en face. Énorme, la trogne rouge avec un masque de bêtise voulue sur sa face bouffie et