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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/124

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LE BOUTE-CHARGE

de se jeter à corps perdu dans la fournaise, reculaient affolés, se laissaient dominer par les sombres regrets ; et, stérilisés par une nostalgie qu’ils n’essayaient même pas de surmonter, finissaient à l’hôpital.

Ce sont les faibles, ceux pour qui l’armure est trop lourde et que peut-être la famille n’a pas préparés à toutes les luttes de l’existence.

On peut les plaindre, non les excuser.

Ceux-là entretiennent dans les rangs un levain de timidité, d’ennui qui est au fond une lâcheté inavouée.


Vous plaît-il de m’accompagner au cimetière de la sous-préfecture où le 29e dragons tient garnison ? C’est dans un coin reculé de Provence. Nous profiterons du jour des Morts pour aller visiter les tombes : c’est le moment où les nécropoles s’agitent ; où, pendant des heures, la vie vient faire sa cour à la mort ; c’est la fête des larmes annuelles, des regrets avec leur éternité d’un jour. Si vous voulez, nous sommes au soir. Quatre heures sonnent.