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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/126

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LE BOUTE-CHARGE

Le cimetière est muet. Au centre, sur le piédestal de pierre moussue, étendant ses bras maigres comme pour une bénédiction, se dresse la croix de fer toute sanglante de rouille.

Derrière ce rideau de cyprès, un vieux fossoyeur achève de combler un trou, enfonce une croix, piétine et s’en va, indifférent. Vous vous approchez de la croix, et les lueurs mourantes du crépuscule épellent une inscription d’une simplicité saisissante :

Pierre Morisset, soldat au 29e dragons.

Certes, vos passions se sont soulevées lorsque vous avez étudié les actes de ces grands capitaines qui naissent, vivent et meurent comme dans un même éclair livide, de ces hommes que la grandeur de leur âme — peut-être le hasard — a placés sur un piédestal où on les voit de loin et longtemps d’où ils dominent la foule, — rochers brillants, sous le soleil de la gloire, au-dessus des flots noirs qui roulent à leurs pieds.