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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/131

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LE BOUTE-CHARGE

Lui, a aimé toutes ces douceurs, a vécu tout ce charme. Malgré lui, sans même qu’il s’en doute, la terre l’a attaché à elle par mille liens invisibles, l’a pris tout entier, et lorsqu’il lui faudra quitter cette charrue qu’il pousse d’une main indifférente, qui sait les déchirements qui se produiront en lui ?

Dans cette sérénité, un coup de foudre ; un jour, on s’assemble sur la place : le tirage au sort.

C’est fini. Pierre en a pour cinq ans.

Des mois se passent ; un soir d’automne, la famille se réunit dans la salle commune ; il faut rire, causer haut, boire ferme. Vers minuit, Pierre embrasse tout son monde ; les valets viennent lui serrer la main… « Au revoir, monsieur Pierre… », et dans un coin de la salle, une voix qui le remue profondément lui murmure… « Tu penseras à moi, Pierre ? »

Le lendemain matin, le voilà qui court sur la route pour aller prendre le train à la ville et rejoindre son régiment la-bas, bien plus loin