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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/133

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LE BOUTE-CHARGE

brume, frileusement juchée dans un pli de terrain, au milieu de ces hauteurs du Vivarais sèches comme des croupes de juments maigres, serrée autour du clocher aux ardoises verdies, se faisant, prise du lourd sommeil de la nuit tombante.

La première impression lui parait lamentable : pendant deux jours, les conscrits vont, viennent, courent comme dans un rêve, à la visite du docteur, à la douche, stationnent au magasin d’habillement, sont équipés et armés en tour de main. Les ordres criés par les brigadiers leur paraissent effrayants.

Déjà les caractères bien trempés se révèlent ; déjà, les forts entrevoient de belles vérités, sont attirés par la perspective de devenir, eux aussi, des hommes à l’aspect mâle, fièrement campés dans leurs tuniques, sont empoignés par tout ce tumulte des choses d’où se dégage le tumulte des idées, répondent aux plaisanteries par un éclat de rire, deviennent les frères d’armes de leurs anciens, se mettent à l’œuvre, avec vaillance. Déjà aussi, les faibles