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Page:Zevaco - Le boute-charge, 1888.djvu/147

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LE BOUTE-CHARGE

santerie auquel le voisin répond généralement par une ruade ou un coup d’œil furibond qui signifie clair comme le jour : « Vas-tu me ficher la paix ! » D’aucuns entament la conversation, deviennent bons amis, commencent par se mordiller légèrement les naseaux et finissent par se gratter mutuellement la crinière — ni plus ni moins que deux académiciens. — En voici qui tremblent de tous leurs membres à l’approche de l’éponge et ont l’air de dire : « Dieu, que c’est froid ! Est-ce assez bête de ne pas nous frictionner d’eau tiède ! » D’autres se laissent faire avec dédain et se contentent de toujours présenter leur train d’arrière à leur cavalier, d’un air détaché, comme il ne s’agissait pas d’eux-mêmes.

Le pansage est terminé. Le sous-officier de semaine, planté au milieu de la cour, prépare sa plus belle voix ; et, sur un signe de l’officier, lance à toute volée ce mot impatiemment attendu : « A l’abreuvoir ! » C’est une minute inénarrable. Tous les chevaux dressent subitement la tête et poussent un hennissement de